Je ne suis pas certain de bien comprendre ce que dit ce livre, ma compréhension de l’arabe étant très limitée.
Toutefois, si je ne fais pas erreur, je crois qu’il s’agît plutôt de la manière
d’orthographier le texte biblique et non de sa prononciation.
Les deux protagonistes seraient d’accord qu’il faille écrire ce terme avec un Vav (et non avec un Vet), la prononciation babylonienne mise en avant n’étant pas le sujet de discussion.
Toutefois, même dans l’hypothèse où je ferais erreur et que votre interprétation soit la bonne, le texte dirait donc selon vous : «
que ben asher et ben naftali…étaient d'accord que le mot לפוה (bemidbar 26 23) doit se prononcer "lefouwa" comme en irak, et non pas "lefouva" comme en erets israël », votre déduction ne m’apparaît pas évidente, vous écrivez : «
il en ressort que dans des autres mots, la prononciation diffère entre les deux ».
J’aurais plutôt dit qu’il en résulte que ce mot doive se prononcer Lefouwa (comme en Irak) et non Levoufa (comme il est prononcé en erets Israel), mais que les deux communautés (et les deux grammairiens aussi) s’accordent à prononcer cette lettre VAV (et non systématiquement WAW comme certains), mais comme tous ceux qui prononcent VAV, il y a des endroits ou le vav sert de « support » à un ‘holam ou à un melapoum !
par exemple dans Baroukh Ata, on ne dit pas Barvoukh Ata.
Notre Baroukh tend plus vers le Barwoukh que le Barvoukh.
C’est en cela que les deux grammairiens s’accordaient : il faut prononcer Lefoua (ou Lefouwa) et non Lefouva.
Or ce type de discussion et de doute ne peut s’envisager QUE selon la lecture dite classique du Vav (=pas celle de rav mazouz et des tunisiens et yéménites), car selon les partisans du WAW, cette lettre ne change pas vraiment de prononciation en fonction des mots et il est exclu d’imaginer la prononciation Lefouva.
Donc SI vous avez la bonne lecture du texte arabe, je dirais qu’il apporte une preuve CONTRE rav Mazouz et en faveur du VAV.
Citation:
il se peut qu'à l'époque, la différence entre beit dagesh et rafe nétait pas encore établie (comme on peut comprendre des transcriptions anciennes comme les septantes, où on trouve "Abraham" et non pas "Avraham").
Les retranscriptions de Vet par un B sont très fréquentes mêmes aux époques où il y avait indiscutablement une différence nettement établie dans la lecture.
Par exemple en France (même du nord) [et en Allemagne] et ce, au XIXème et au XXème siècles !
Nous trouvons des tas de documents où des termes hébraïques sont retranscrits en caractères latins et systématiquement le Vet est rendu par un B –tant qu’il n’est pas en début de mot (là, c’est un V).
Souvent, le Bet est alors signifié par un double B, mais cette habitude s’est perdue avant que celle de rendre le Vet par un B ne disparaisse –et encore, elle n’a pas tout à fait disparue !
Je pense que c’est plutôt la prononciation du B (en français mais) dans les termes étrangers qui a évolué !
J’en veux pour preuve l’école Yabné qui se prononce Yavné et s’écrit Yabné, pourquoi ? Si ce n’est parce qu’en écrivant Yabné on a toujours lu Yavné (car c’est un terme étranger) jusqu’à ce que cette règle se perde et s’oublie.
Cette idée de prononcer une lettre différemment selon qu’elle s’emploie dans un mot étranger ou français ressemble à une autre règle –largement abandonnée de nos jours- qui indique d’utiliser les lettres SH pour rendre le son CH lorsqu’il s’agît de termes étrangers , quoi que cette dernière ait semble-t-il toujours été discutée et je me demande si je ne suis plus le seul en France à suivre cet usage en écrivant Shabbat et Shalom au lieu de Chabbat et Chalom beaucoup plus fréquents.
Ayant appris cette règle dans ma jeunesse (au millénaire précédent), je l’appliquai encore durant les années 80, puis, une absence prolongée m’a tenu à l’écart des évolutions de langage et d’écriture jusqu’à ce que je débarque des Etats-Unis en 2004 pour constater que des tas de choses avaient changé durant mon absence.
Comme le SH aux Etats-Unis se lit comme le CH français, je suis resté « bloqué » dessus, mais je constate que la moyenne d’âge de ceux qui suivent cette règle dépasse les 70 ans.
Il y a des livres dans lesquels on trouve BH pour le Vet (sauf en début de mot) et BB pour le Bet, par exemple, le
Choul’han Aroukh Abrégé (NB : Choul’han et non Shoul’han !) du
Rav Ernest Weill, il écrit: Loulabh, le 9 Abh, Erebh Pessa’h, Yôme Tôbh, Yebhâmôth, Bâbhâ, Techoubhâh
(mais bizzarement Habdâlâh et Eïroubine).
Et en début de mot: Vayyiqrâ.
Et pour le Bet : Chabbâth, Rabbâh, etc.
Pourtant ce livre n’a pas un siècle.
Il y a encore des centaines de livres où l’on retrouve ces notions, surtout le B pour rendre le Vet, comme dans Yabné.