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Compréhension des Tehilims

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Ns21
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Bonsoir Rav Wattenberg,

Pour un malade, sur un kever, pour une délivrance etc. en quoi est-ce bien de lire les Tehilims ?
Doit-on les lire même si nous n'en comprenons pas la signification ?

Auriez-vous une recommendation d'un livre qui explique la signification des tehilims ?

Merci beaucoup :))
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
J'aimerais savoir en quoi est-ce bien de lire les Tehilims ?
(Lorsqu'une personne est malade/Sur un kever / Pour une délivrance/ etc...)
Doit-on les lire même si nous n'en comprenons pas la signification ?
Sinon auriez vous une recommendation d'un livre qui explique la signification des tehilims ?


Il est évident que comprendre les Tehilim est un atout majeur dans leur récitation.

L’idée de base est qu’en lisant les Tehilim, en s’en inspirant, on se rapproche de D.ieu et d’une Hashkafa plus saine et spirituelle (Voir Messilat Yesharim §21).

Si ça a été fait pour la guérison d’un malade, il a donc une part dans cette élévation spirituelle du lecteur de Tehilim, ce qui constitue un mérite non négligeable qui se voit crédité au malade.

Pour comprendre ce que l’on dit dans les Tehilim, je vous suggère tout simplement les Mefarshim classiques comme Rashi, Radak et Metsoudat David (et d’autres).

Si vous ne comprenez pas l’hébreu, il vous reste l’option « Bible traduite » qui vous permettra de comprendre ce que vous dites en lisant des Tehilim.
La traduction classique n’est pas des plus claires et reste assez énigmatique sur certains versets, mais ça donne déjà le sens global.

Quant à réciter des Tehilim comme une machine sans rien comprendre de ce que l’on dit, c’est forcément beaucoup moins bien et beaucoup moins puissant.
Voyez Rabénou Menashé Me-ilia dans Alfei Menashé (II, §35, daf 25c) qui critique cette habitude qu’ont certains de réciter des Tehilim sans les comprendre ni essayer de les comprendre et sans prêter attention à ce qu’ils disent, comme s’il s’agissait d’une formule magique qu’il fallait prononcer.

Pourtant, de nombreux auteurs l’ont ainsi écrit, cf. Eshel Avraham (Botshatsh) (§306, sk.5), Pélé Yoets (sv. Tehilim) [Son petit-fils dans Damessek Eliezer (daf 46b) écrira pourtant que la grande valeur de la lecture de Tehilim ne concerne qu’une lecture ininterrompue et avec grande Kavana en faisant attention de bien comprendre chaque mot et posément], et Imrei Pin’has (Sder Hayom -inyanei Tfila §152) qui semble donner encore plus d’importance à la lecture SANS comprendre qu’en comprenant !
(car le lecteur qui se dit qu’il comprend se sent important etc.
Mais il faut savoir comprendre ces excès typiques des Sifrei ‘Hassidout, Rabbi Pin’has de Koretz n’était pas un fou h’’v, il a dit ça à la personne démoralisée dont il est question dans ce livre, afin de l’encourager à lire des Tehilim même s’il ne comprend pas ce qu’il dit, mais il demeure évident qu’il est préférable de comprendre -sans s’enorgueillir.
Même le Pélé Yoets (op cit) qui valide une lecture sans comprendre, indique qu’il est bien sûr préférable de comprendre).


D’aucuns arguent avec véhémence qu’il suffit de lire les versets de Tehilim, et qu’il n’est pas nécessaire de comprendre ce qu’on dit.
Ils apportent pour preuve le Midrash Sho’har Tov (I, 5) où David demande à D.ieu que ses Tehilim aient la même valeur que le Limoud de Neguaïm et Ohalot.
C’est le Midrash sur les mots Yiyou Leratson Imrei Fi :
יהיו לרצון אמרי פי. יעשו לדורות ויכתבו לדורות אמרי פי ויחוקקו לדורות, ולא יהיו קורין בהם כקורין בספרים אלא יהיו קורין בהן ונוטלין שכר עליהם כנגעים ואהלות

Tout d’abord il faut savoir qu’il est loin d’être évident que cette demande de David ait été agréée. C’est ce que souligne R. ‘Haim Volozhyner dans son Nefesh Ha’haim (IV, §2) (voir aussi son Roua’h ‘Haim §6), pour qui, si David l’a demandé, il n’est nulle part indiqué qu’Hashem ait exaucé son vœu sur ce point.
Nous trouvons au contraire, dans Baba Batra (17a), à propos d’une autre demande de David à D.ieu, qu’elle n’a pas été agréée (selon une opinion au moins).

Cependant nous avons aussi des auteurs qui ont compris de ce Midrash que la demande de David a été acceptée, c’est le cas du Or Hashanim (Epstein) (Vilna 1882, daf 7b dans le Nossa’h du Yehi Ratson -qui affirme qu’Hashem a promis à David que les Tehilim seront considérés comme Neguaïm et Ohalot).
Bien avant lui, il y a le Shla (Yoma, Amoud Hatshouva, daf 229a), et déjà bien avant lui aussi nous retrouvons cette certitude dans le Piroush Hatfilot Vehabrakhot de Rabénou Yehouda bar Yakar (sur Baroukh Sheamar, p.54).

Voir aussi
Shout Shvout Yaakov (II, Y’’D §44),
Shout Mahari Aszod (Y’’D §368),
Eshel Avraham (Botshatsh) (§306, sk.5),
Divrei Shmouel (Horowitz de Nikolsburg) (Parshat Be’houkotay daf 43a),
Yessod Yossef (§59)
, et le
Pélé Yoets (sv. Tehilim).


[Le Pélé Yoets va jusqu’à écrire que même si les Poskim disent que pour celui qui pourrait étudier le Talmud et la Halakha, la lecture des Tehilim représente un Bitoul Torah (cf. Pri Megadim, Mish. Zahav, §1 sk.8, qui écrit que celui qui étudie la Torah peut se contenter, en matière de Tehilim, de la lecture matinale des Psoukei Dezimra), ça ne concerne pas une lecture hebdomadaire de tout le sefer Tehilim, et si elle s’effectue à plusieurs/en public, elle vaut encore PLUS que l’étude de Neguaïm et Ohalot ! -je ne sais pas d’où il tient cela.]

Concernant l’argument du Nefesh Ha’haim (qu’il n’est nulle part dit que la requête de David ait été agréée par D.ieu), le Likoutei Shoshanim rapporte que Rav Moshé Tsvi (Guterman) de Savran (Ukraine) (1775-1838) a affirmé que la demande de David a été agréée et il a apporté à cela une preuve à partir de la Gmara Erkhin (15b) où il est dit que les Baalei Lashon Hara sont ‘Hayavim Karet en se basant sur le verset de Tehilim (XII, 4) יכרת ה' כל שפתי חלקות. Nous voyons donc, dit-il, que les demandes de David sont exaucées.

J’ai néanmoins à redire sur cette « preuve ». Tout d’abord, quand bien même David aurait été exaucé sur cette demande, cela ne prouve pas qu’il l’ait été forcément pour toutes ses demandes, certaines peuvent être justifiées et d’autres moins.

De plus, ce verset 'יכרת ה peut se comprendre comme une prophétie, David dirait par Roua’h Hakodesh que D.ieu va retrancher ces gens, mais pas qu’il s’agisse d’une prière de David qui souhaiterait cela.

[Certains diraient même que David ne pourrait pas souhaiter cela, en vertu de ce que la Gmara nous enseigne dans Brakhot (10a) יתמו חטאים ולא חוטאים… Mais je pense que cet argument est basé sur une mauvaise compréhension de cette Gmara, le mot חטאים ne signifie pas « les péchés », mais bien « les pécheurs », comme חוטאים, à la différence que חוטאים signifie des fauteurs occasionnels, alors que חטאים (avec un Daguesh dans le Tet) veut dire des gens spécialisés dans la faute, אנשים רעים וחטאים. Du coup il n’y a rien d’impossible à ce que David ait prié que 'יכרת ה.]

Certes, le Metsoudat David (Tehilim XII, 4) comprend qu’il s’agit d’une prière, d’un souhait, de David.
Mais rien n’empêche de comprendre le verset comme une Nevoua ou un Roua’h Hakodesh, d’ailleurs le Ibn Ezra ainsi que le Radak (ad loc) écrivent tous deux qu’il est possible de comprendre ainsi le verset.

Dès lors, R. A’ha Berebbi ‘Hanina (dans la Gmara Erkhin op cit) pour qui il est clair que les Baalei Lashon Hara sont ‘Hayavim Karet à partir de ce verset, l’a certainement interprété comme un Roua’h Hakodesh et non comme une prière !
Il n’y a donc plus de preuve que la prière de David ait été exaucée.

Plus encore, c’est explicite dans les mots de R. A’ha Berebbi ‘Hanina qui dit : שכבר כרתו דוד ברוח הקדש שנאמר יכרת ה' כל שפתי חלקות. Il s’agit bien de Roua’h Hakodesh et non d’une demande/Tfila.

[Concernent l’autre élément souligné par le Nefesh Ha’haim que l’on voit dans Baba Batra (17a), à propos d’une autre demande de David à D.ieu (protection שלא תשלוט בו רימה), qu’elle n’a pas été agréée, le Rabbi de Savran y répond aussi en disant que sa requête a été exaucée et si l’on voit qu’il est absent de la liste de ceux qui bénéficie de cette protection, c’est parce qu’il s’agit de la liste de ceux qui en ont bénéficié sans avoir à le demander.
Ceci aussi est discutable, pourquoi établir une telle distinction ?]


Mais même sans entrer dans toute cette question (de savoir si David a été ou non exaucé à propos des Tehilim), il ne faut pas comprendre le terme du Midrash « קורין » (ceux qui LISENT mes Tehilim) comme voulant dire « lire sans comprendre », il s’agit d’une lecture accompagnée de compréhension.
C-à-d que David a demandé que l’ETUDE des Tehilim soit comme celle de Neguaïm et Ohalot.

Il ne faut jamais se départir de son bon sens ; comment concevoir que David ait souhaité qu’une simple récitation de prières et Bakashot (ses prières, les Tehilim), dénuée de compréhension, puisse être aussi importante que l’étude de la Torah? Cela reviendrait à nier l’importance du Amal Hatorah, ou, autrement dit, cela voudrait dire que David ignorait la notion de Bitoul Torah BeEikhout (Bitoul Torah en qualité qui ne l’est pas en quantité) dont nous avons déjà parlé ici : https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=47108#47108

Pour apporter un élément qui va dans ce sens, j’ajouterais encore ce que m’a indiqué à propos de ce Midrash le Rav Moshé Tsuriel-Weiss il y a quelques mois : Dans l’édition plus fiable (et basée sur 7 manuscrits différents) de R. Shlomo Buber, la version de ce Midrash est plus précise, tout d’abord le verset de base (auquel la Drasha se rapporte) est complété des deux mots qui suivent dans le Passouk (ce qui laissent entendre que la Drasha les utilise aussi) : יהיו לרצון אמרי פי והגיון לבי , et surtout, la dernière phrase précise explicitement qu’il s’agit d’une lecture avec compréhension et dit אלא יהיו קורין בהם והוגין בהם ונוטלין עליהם שכר כנגעים ואהלות (ajout de Vehoguin).

Il en résulte que la « preuve » des partisans de la lecture de Tehilim sans comprendre, n’est pas valide.

La conclusion du Rav Tsuriel-Weiss est donc qu’il est préférable de réciter 5 chapitres de Tehilim avec compréhension et ferveur, plutôt que d’en réciter 50 sans rien comprendre.

Je sais que dans de nombreux Sfarim nous voyons que la lecture -notamment du Zohar- même sans comprendre est tout de même considérée et a une valeur, mais il faut comprendre cette valeur en cela qu’avoir les mots en tête est toujours bénéfique pour le jour où l’on en comprendra un peu mieux le sens et surtout, car avoir des Psoukim de Tehilim à la bouche est toujours mieux que d’avoir des bêtises en tête, ça maintient le juif dans un environnement mental propice à la Kdousha, celui qui a lu son Sefer Tehilim ne peut pas décemment se précipiter, juste après, sur une Aveira bien Gashmit…

Je n'ai pas le temps de me relire, désolé pour les fautes.
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