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Enfant issu d'un mariage mixte

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Marc MEIMOUN
Messages: 123
Bonjour,

Ma question se situe entre le débat sur le mariage mixte, d'une part et, d'autre part, celui sur la conversion.

1/ De manière générale, quel statut ont les enfants de mariage mixte ?

2/ plus précisément, dans le cas ou la mère est non juive, que les enfants ont été éduqués dans une "culture" juive depuis le début de leur existence et qu'il découvre leur non judaïté plusieurs années après s'être formé une identité juive, que ce passe-t-il pour eux ?

Ne doit-on pas parler les concernant de réhabilitation plutôt que de conversion ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Citation:
Ma question se situe entre le débat sur le mariage mixte, d'une part et, d'autre part, celui sur la conversion.
1/ De manière générale, quel statut ont les enfants de mariage mixte ?
2/ plus précisément, dans le cas ou la mère est non juive, que les enfants ont été éduqués dans une "culture" juive depuis le début de leur existence et qu'il découvre leur non judaïté plusieurs années après s'être formé une identité juive, que ce passe-t-il pour eux ?
Ne doit-on pas parler les concernant de réhabilitation plutôt que de conversion ?


Vous vous postez sur un plan sentimental, il convient de distinguer le sentiment de la loi. Au niveau de la loi religieuse, si la mère n’est pas juive, l’enfant ne l’est pas non plus, bien qu’ayant un père juif.

Le fait que l’enfant ait grandi en se croyant juif ne change pas la loi.
Que diriez-vous d’un enfant dont les deux parents non-juifs lui auraient toujours dit qu’il est juif ? Là aussi vous souhaiteriez parler de réhabilitation ? Ce que chacun pense et croit ne concerne que le niveau sentimental et n’a rien à faire dans le domaine de la loi.

Et si vous trouvez un rabbin qui, pour faire plaisir au concerné, vous dira qu’il s’agit seulement d’une réhabilitation et non d’une conversion, dans la mesure où cela ne change rien au processus de conversion, il ne s’agit que d’une formule.
Appelez-ça comme vous voulez, mais il faut procéder exactement comme pour une conversion d’un non-juif des deux parents.

Dans les faits, cette réhabilitation EST une conversion.

Et si le rabbin se contentait d’une démarche qui est jugée insuffisante pour une véritable conversion, ici aussi, elle serait insuffisante, et notre réhabilité resterait non-juif.

Ceci étant dit, il est clair que celui dont le père est juif, est à 50% juif du point de vue génétique (ou culturel et similaire…). Ce n’est que sur le plan de la loi (Halakha) qu’il n’est pas juif (pas même à 1%).
S’il se sent juif, c’est très bien, mais sur le plan de la loi ça n’a pas de valeur.
aralé
Messages: 142
Kvod HaRav Wattenberg,

Qu'est-ce qu'un Zera Israël et quel est son statut halahique ?

Merci pour vos réponses éclairantes.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Citation:
Qu'est-ce qu'un Zera Israël et quel est son statut halahique ?

Ce qui est appelé "Zera Israel" dans ce contexte, c'est un enfant de père juif et de mère non-juive.
Mais quoi qu'on vous en dise, ça ne veut pas dire qu’on l’accepte sans vérifier qu’il prenne sur lui les mitsvot, ni qu’il s’agisse d’une « régularisation » qui ne nécessiterait pas de Mikve ou qui justifierait des entorses aux règles habituelles.

Cette idée (Zera Israel) revient un peu à ce que j’ai écrit plus haut, qu’il s’agit d’une personne « à moitié juive », c-à-d qu’elle est descendante du peuple juif à 50%. Mais il faut bien distinguer cela de la judéité halakhique, qui elle, ne dépend que de la mère.
Cette personne a du sang juif, est génétiquement à moitié juive, autant que celle dont la mère est juive et le père ne l’est pas, mais au niveau halakhique, ce qui importe, c’est la mère.
Tous deux (celui au père juif et celui à la mère juive) sont génétiquement juif à 50%, à égalité, mais sur le plan halakhique, l’un est juif et l’autre non. Et ne l’étant pas, s’il souhaite le devenir, il doit passer par une procédure de conversion classique avec Mila et Tvila, sans différence avec celui qui n’a aucun parent juif.

La seule «différence » ne sera pas dans la procédure, mais dans l’accueil qu’on lui réservera ; si un non-juif vient pour se convertir, on fait des efforts pour l’en décourager, on lui montre les aspects difficiles, on tente de le dissuader. SI l’on voit qu’il tient bon, qu’il y tient absolument, on le convertit.
Tandis que celui dont le père est juif et qui vient se convertir, on ne le repoussera pas, on l’invitera à se convertir s’il le souhaite.

Mais la procédure reste la même. Et on ne sera pas moins regardant sur la Kashrout du Mikve ou l’absence de ‘hatsitsa ou autre détail halakhique de la procédure normale pour toute conversion.

On trouve dans les Sfarim cette attitude bienveillante envers le candidat de père juif, voir Shout HaRahsbash (§368) et shout Mishpetei Ouziel (VII, §20).
Voir aussi la position de Rav Tsvi Hirsh Kalisher dans le Shout de Rav Ezriel Hildesheimer (Y’’D §329-330).
Voir encore Shevet Miyehouda (Unterman) (Hil. Guerout, p.376 et suivantes) qui montre plus d’enthousiasme uniquement s’il s’agit d’une conversion en Erets Israël (afin de minimiser les risques de Hitbolelout des juifs qui y vivent).

Le Rav ‘Haim Amsellem (Amsallem) est connu pour sa prise de position jugée excessive par plusieurs autres Rabanim, il a écrit un livre intitulé Zera Israel (Jér. 2010), il y a un tout un chapitre (le 5ème) consacré à cette question.
Je trouve qu’il va parfois un peu vite en besogne, il conclut (p.282) du Rashbash (op cit) qu’un candidat de père juif n’aurait pas besoin de Kabalat Mitsvot comme condition à sa Guérout !
Je comprends la sévérité des propos rabbiniques à son encontre.
Et a priori, ce n’est pas ce que le Rashbash dit.
Tout ce qu’il dit c’est que même si l’on comprend qu’il a une autre motivation dans sa guérout (par exemple pour se marier avec une juive), on l’acceptera car il est de père juif.

Rav Amsellem comprend que cela veut dire qu’on l’acceptera même SANS qu’il prenne sur lui les Mitsvot, car sinon, s’il accepte de prendre sur lui l’engagement de respecter toutes les mitsvot, quelle différence y aurait-il avec un candidat de père non-juif ?
Mais je pense qu’il y a encore une étape intermédiaire entre les deux : Le Rashbash ne dit pas qu’il n’a pas besoin d’accepter les mitsvot, il dit seulement que pour un candidat de père non-juif, qui dirait accepter les mitsvot mais que nous comprenons qu’il a aussi un intérêt parallèle (mariage ou autre), on le refusera.
Alors que si son père est juif, même s’il a un autre intérêt, puisqu’il prend sur lui l’engagement de respecter les Mitsvot, on le convertira.

Ça change tout.

Voilà pourquoi Rav Amsellem a été vivement critiqué, pour cela et d’autres déductions jugées hâtives par ses pairs.

Toutefois, je souligne que même Rav Amsellem n’écrit cela que pour les conversions en Israël (un peu comme la Svara du Shevet Miyehouda op cit), voir Zera Israel (p.299).

Dans les milieux rabbiniques classiques, il n’y a aucun allègement de la procédure de conversion pour un candidat de père juif, la seule différence, c’est qu’on ne le « repousse » pas au départ, contrairement au candidat de deux parents non-juifs.
C’est le Psak de Rav Elyashiv (Ashrei Haïsh Y’’D §57, 22).
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