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Serrer la main dans le cadre du travail ?

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hstephe
Messages: 5
Bonjour
Je suis chomeret negia. Pour l'instant je suis étudiante à l'université, et ne pas devoir faire la bise ni serrer la main est plutôt faisable. Mais bientôt je vais devoir me confronter au monde de l'entreprise, je vais devoir chercher des stages et il me sera de plus en plus difficile de ne pas serrer la main. Pour les employeurs, serrer la main est une manière de saluer. Alors j'aimerai savoir: dans le cadre du travail est-il possible de serrer la main ?

Étant une fille, c'est peut-être autorisé ?

Merci pour votre réponse.
Rav Imanouel Mergui
Messages: 420
C'est strictement interdit.
Chalom
Messages: 264
Y a-t-il des avis permissifs ? Quand bien même minoritaires ?


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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Cette question est très délicate. La majorité des décisionnaires interdisent, cependant cet interdit est conditionné par les ir'ourim entraînés.

Le contact lui-même n'est pas interdit, sinon vous ne pourriez pas touchez votre propre père (ou mère pour un homme) non plus.
La différence entre votre père et un autre homme c'est la garantie que ce contact n'entraînera pas de ir'ourim (sensations –même minimes).

Dès lors , le contact avec un autre homme serait permis si on pouvait garantir l'absence de ir'ourim (des deux parts ; J'imagine que puisqu'il est interdit de "placer une embuche sur le chemin de l'aveugle" (Vayikra XIX,14) vous devez aussi vous préoccuper de l'autre).

Voir Sha'h yoré déa (§195, sk.20) et Rama [voir cependant le Béer Agola ad Rama] Even Aezer (XXI,5) ainsi que Baer étev Even Aézer (XXI, sk.8) qui permettent dans la mesure où il n'y a aucun doute quant à un danger de ir'our.
(Ce qui reste très difficile à affirmer systématiquement, et c'est ce qui a poussé la communauté religieuse à ne jamais "entrer en contact" de peur qu'une seule fois ce contact entraîne un ir'our –voir le Ritva à la fin de Kidoushin selon qui seul un grand tsadik peut se permettre certains contacts en ayant une réelle assurance de ne pas en venir à des ir'ourim –voir Ktouvot 17a et 75a, et Tosfot Shabbat 13a en bas).

Il pourrait y avoir une différence entre un homme et une femme concernant cette ala'ha , c'est que pour un homme ça serait doublement interdit (toujours : uniquement s'il y a des ir'ourim); un premier interdit au titre de "rapprochement qui peut amener aux rapports interdits" [interdit min athora selon le Rambam, à partir du verset "lo tikrevou legalot erva" (Vayikra XVIII, 6) qui concerne l'homme comme la femme –toujours à condition qu'il y ait un "dere'h 'hiba" dans ce rapprochement].
Et un autre interdit qui ne concerne que les hommes de "ne pas s'amener à ressentir des ir'ourim" (sauf dans le cadre du mariage, bien entendu).

Toujours est-il que cela demeure interdit aux femmes malgré tout en vertu du premier interdit.

Le rav Moshé Feinstein dans Igrot Moshé (Even Aézer IV §32, 9) écrit un "limoud z'hout" pour les religieux qui se permettent de serrer la main au travail, qu'ils le font d'une manière qui n'a rien d'affectueux et qui n'amène pas aux ir'ourim.
Mais il précise qu'il est difficile de se baser là-dessus "à priori" en ayant une confiance en soi systématique de ne pas en arriver aux ir'ourim.

Il en résulte que si vous êtes certaine à 100% de ne pas en arriver à des ir'ourim, vous avez le droit de serrer une main tendue dans le cadre d'une demande d'embauche.
(Idem dans le cadre du travail, mais c'est beaucoup plus risqué car de nouveaux collègues peuvent arriver, et il ne serait pas envisageable de refuser de serrer la main au "nouveau" seulement. Le mieux serait d'expliquer aux collègues dès le départ que pour des raisons de religion vous ne serrez pas la main aux hommes. Généralement ils comprennent ou du moins respectent).

Il n'y a pas vraiment de "solution magique" pour éviter les ir'ourim si ce n'est l'étude de la Thora et du moussar qui amènent à la Dveikout.
Aussi, à quelqu'un qui sait qu'il devra prendre des risques en serrant une main dans le cadre d'une entrevue pour une embauche, je conseillerais -bien sûr de prier pour (obtenir la place et de) ne pas fauter en serrant une main, mais aussi d'étudier un peu de Thora et de moussar avant l'entrevue.
Bonne chance.
Vayaane
Messages: 21
J' aimerai dire Kol Akavod au Rav Wattenberg pour sa réponse claire, complète et surtout toute en nuance. Elle répond bien au besoin de celle ou celui qui la pose, bien que celà reste une épreuve et qu' au final il faille prier comme vous l' avez si bien dit. On devrait faire en effet comme l' a dit le Rav Mergui, cependant pas tout le monde n' a la force morale requise, surtout dans notre géneration, lorsqu' il y a dans la balance la Parnassa et de l' autre côté une permission qui peut basculer en un millième de seconde dans l' interdit grave de la Thora. Si vous me perpettez en d' autres termes, il eu fallut appliquer le "Din" du Choulhane 'Aroukh mais parfois on doit avoir recour à la "Halakha" (De la racine "Aller" dans la vie. Orah Haïm.)
Avec l' infini respect dû à chacun.
ronydenyro
Messages: 101
Pourtant embrasser sa vieille tante est un cas où à 100% il n'y a pas de irour pour la totalité de la population et pourtant le rambam nous dit: interdit, et celui qui penserait à permettre (apparemment pour la raison du ritva) serait qualifié de "sot".

Apparemment le ritva explique le comportement de rabbanim capables de se connaître à 100%.
Mais le héter ne s'appliquerait qu'à eux...??? Qu'en dites vous?
(je ne voudrais pas entendre une mahloket kitsonite entre ces deux richonim, surtout que le rambam a certainement une explication au sujet des amoraim
qui ne s'abstenaient pas un neguia 100% sans irour, notamment pour réjouir les mariés)


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Yael84
Messages: 30
Même principe si on va voir un médecin?

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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Ronydenyro :
Vous auriez pu tout aussi bien citer le Shoul'han Arou'h (even aezer §XXI, 7). qui dit grosso modo la même chose.
Mais il est vrai que sa source est justement ce Rambam, donc parlons du Rambam.

Ce Rambam (Issourei Bia §XXI, 6) est à remettre dans son contexte.

Il ne dit pas qu’il y a un interdit ala’hique dans le Talmud d’embrasser sa vieille tante, il dit juste que c’est particulièrement honteux (megouné beyoter) et que c’est maassé tipshim (= seuls les idiots le font).

Je suppose qu’il en était de même à l’époque du Rav Yossef Karo puisque nous retrouvons ce din dans le Shoul’han Arou’h (Even Aezer §XXI, 7) (Le Tour citera aussi ce din en supprimant l’appréciation « maassé tipshim »)

Le terme « issour » utilisé n’est pas à comprendre comme un issour –même simplement miderabanan, c’est seulement une manière de mettre en garde contre une conduite reprochable.

Bien que cette explication m’ait l’air de s’imposer par le bon sens, je citerais tout de même le Batei Kehouna à titre de renfort car je crains de choquer quelques âmes sensibles en disant que le mot assour peut vouloir dire autre chose qu’un interdit ala’hique.

Le Batei Kehouna (II, ‘helek Beth din, §XII, p.17c) (cité par le Otsar Aposkim §XXI, 51) précise que ce langage utilisé par le Shoul’han Arou’h (qui lui vient du Rambam) n’est que « dere’h az’ara bealma » mais ce n’est pas un issour miderabanan.

S’il faut ou non y voir une ma’hloket entre les rishonim, c’est une ma’hloket entre les a'haronim !

En effet, comment le Rambam va s’arranger avec Oula qui embrassait ses sœurs ?
D’aucuns expliqueront que le Rambam pense qu’Oula a changé d’avis et que la ala’ha est comme cette seconde position (Maguid Mishné Issourei Bia §XXI, 6) (voir aussi Shabbat 13a qui dit qu’Oula se contredit), d’autres diront que seul Oula qui était un Tsadik pouvait être sûr de ne pas en venir à des irourim (‘Helkat Me’hokek §XXI, 8) (Baer Etev §XXI, 12) (voir encore le Beth Shmouel §XXI, 14 et le Pit’hei Tshouva §XXI, 5 pour l’opinion du Ran).

Ceci m’a l’air poussé, car nul besoin d’être un grand Tsadik pour s’assurer de l’absence de irourim dans certains cas.

Mais cela dépendra encore des deux versions de la gmara [dans Shabbat (13a) comme dans Avoda Zara (17a)] (Abei ‘hadayou ou bien abei Yadayou) (veday lamevin).

En bref, il est dit clairement dans le Talmud (Avoda zara 17a et shabbat 13a) que ce même Oula qui embrassait ses sœurs, déconseillait de le faire.
Certains comprendront que c’est un changement d’avis et que le conseil de ne pas embrasser sa sœur est tardif.

D’autres diront que pour un tsadik c’est permis.
C’est l’opinion du Ritva (fin de kidoushin) et du Tosfot (Avoda Zara 17a et shabbat 13a).

Si le Rambam pensait comme Tosfot ou bien comme la première explication, c’est discuté entre les a’haronim.

[Il y a d’autres explications, comme celle du Yaabets (Avoda Zara 17a) qui justifie Oula qui avait été élevé par ses sœurs.
Le Ein Eliyahou (Avoda Zara 17a ) imagine encore que le conseil d’Oula (de ne pas embrasser…) ne concerne pas les proches parentes et que la gmara aurait pu répondre ça mais elle ne s’en est pas donné la peine (il se base sur le Maarsha et aurait pu se baser sur le Tosfot Shabbat 13a qui dit la même chose que le Maarsha).]

Néanmoins j’ai une faiblesse pour dire qu’il était en désaccord avec Tosfot et le Ritva car dans son Peroush Amishnayot (Sanhedrin §VII p.122d) le Rambam dit clairement que c’est un revirement et changement d’avis (et non une permission pour les tsadikim).

Ce qui semble contredire le ‘Helkat Me’hokek de plein fouet.
J’opterais donc pour le Maguid Mishné en étant persuadé que le ‘Helkat Me’hokek ne m’en voudra pas, puisque lui-même préconisait d’être ‘holek contre le Shoul’han Arou’h si ce dernier nous semble s’égarer de la conclusion du Talmud.

Le Yaabets (Shéilat Yaabets II, §20) ramène au nom de son père -le fameux ‘Ha’ham Tsvi- que le ‘Helkat Me’hokek disait qu’un homme n’a pas le droit d’être décisionnaire tant qu’il ne se sent pas la force de déraciner et d’effacer un séif du Shoul’han Arou’h.
אין אדם רשאי להורות עד שיהא בכחו לעקור ולמחוק סעיף מן השו"ע

Ici, puisqu’il s’agît d’expliquer le Rambam, malgré qu’il soit envisageable de penser que ce dernier puisse avoir lui-même changé d’avis depuis la rédaction de son Peroush Amishnayot (rédigé dans sa jeunesse comme chacun sait, de 23 à 30 ans je crois), j’aurais tendance à plutôt faire confiance au Rambam qu’au ‘Helkat Me’hokek pour expliquer la pensée du Rambam.

Conclusion : pour le Rambam, il ne faut pas embrasser sa sœur même si on est un tsadik (mais le terme issour est à comprendre avec largesse).

La raison pour laquelle je laissais entendre dans mon précédent message qu’il n’est pas si dramatique que cela d’embrasser sa grande tante (et qu’il serait donc permis de serrer une main si on est sûr que le résultat serait identique à celui de serrer la main de –ou embrasser- la grande tante), c’est parce que je comprends du Rambam que le problème n’est pas de l’ordre d’un issour mais d’une conduite honteuse.

Or, ces choses-là évoluent avec les époques.
Si à l’époque du Rambam (ou d’autres) il était honteux et ridicule d’embrasser sa sœur et que seuls les idiots le faisaient (megouné beyoter et maassé tipshim), il est certain qu’il ne convenait pas à un juif de le faire.

En d’autres mots, le Rambam désapprouve clairement cette conduite CAR c’est la conduite des tipshim et que c’est megouné beyoter.

Mais si nous voyons que ce n’est pas megouné beyoter, le Rambam n’y serait pas tant opposé.

Pour tenter d’expliquer un peu mieux (car je sens déjà certains bouillir d’indignation devant leur écran), supposons une époque où le « bisou sur la joue » n’existe pas, tout bisou est réciproque et à double sens, comme chez les russes.

Que penseriez-vous de quelqu’un qui embrasse sa sœur, même si l’absence de irour était totalement établie ?

Vous en penseriez que c’est Megouné beyoter et Maassé tipshim, n’est-ce pas ?
Hé bien c’est exactement ce que dit le Rambam !

Pas qu’il soit nécessaire de supposer qu’à l’époque du Rambam il n’y avait pas de « bisou sur la joue », on peut encore imaginer qu’un bisou sur la joue était perçu comme notre perception du baiser sur la bouche.

[J’opte plutôt pour cette seconde explication qui aura l’avantage d’éclairer d’autres ala’hot de ce genre qui ne sont pas vraiment appliquées.
Par exemple le Rambam (Déot §V, 7) qui interdit aussi de discuter avec sa sœur dans la rue… C’est certainement en fonction de (et adapté à) ce qui se faisait à son époque, or parler avec une femme dans la rue ne se faisait pas…]
De nos jours, en France, embrasser sa sœur n’est ni honteux ni maassé tipshim ni megouné beyoter.
La communauté religieuse continue malgré tout (pour différentes raisons) à s’abstenir de le faire (dans la mesure du possible), mais ce n’est pas comparable à embrasser sa sœur à l’époque du Rambam et il n’y a pas de quoi en déduire non plus que le Rambam ne correspondrait pas à l’opinion du Sha’h (cité dans mon précédent message).


A Yael84 :
Que je cite:
Citation:
Même principe si on va voir un médecin?

Que voulez-vous dire ?
S’il est permis de serrer la main du médecin qui vous la tend?
ou: s’il est permis d’aller chez un médecin homme pour une femme ?

En attendant, voici déjà un peu de lecture :
http://techouvot.com/professions-vt14074.html?highlight=
Yoav Chetrit
Messages: 61
Bonjour
L'interdit de discuter avec une tante ou une cousine est il conditionner au hirhourim qui en resulteront ?
merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
L'interdit de discuter avec une tante ou une cousine est il conditionner au hirhourim qui en resulteront ?


Il n'y a pas d'interdit, à proprement parler, de "discuter" avec sa tante.

C'est en effet la réalité de l'éventuel Hirhour qui entrainera l'interdit, mais à ce stade, il n'y a pas de différence entre la tante, la cousine, la voisine, ou même sa propre mère (ça serait afFreud); s'il y a Hirhour, il y a Issour.

Sauf qu'en principe, en général, un homme n'a pas de hirhourim du fait de parler à ses proches, sa tante ou sa cousine (tant que sujet de discussion ne dérape pas complètement, bien entendu. Je veux dire que dans les faits, un type normal qui discute avec sa tante, il n'y a aucun souci, à moins que ce soit un malade).
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