Ne pas changer le nom, les vêtements, ni le langage

Kevod HaRabbanim,

Je serais très intéressé d'avoir votre opinion sur ce fameux Midrash selon lequel les Hébreux n'avaient pas changé leurs noms, ni leur langage, ni leurs vêtements pendant toute la période d'exil en Egypte. Comment le comprenez-vous ?

Ma question vient du fait qu'autour de moi de plus en plus de gens insistent pour être appelés par leur nom "juif", celui utilisé, par exemple, pour monter à la Torah. Ceci fait qu'un ami qui, jusqu'il y a peu, s'appelait tout bonnement André, ne répond plus que si on l'interpelle par "Yitzchak".

Je dois honnêtement vous avouer que cela m'agace quelque peu. J'ai l'impression que ces gens se sentent "plus frum" grâce à cette pratique. Le souci d'authenticité est admirable, mais ...

D'un côté, ce fameux midrash existe bel et bien. De l'autre, j'imagine que Moshé ne parlait pas yiddish, ne s'habillait pas en caftan noir, et son nom n'était certainement pas Moishele Amramovitch, donc il est évident que tout ceci évolue.

Faut-il comprendre ce midrash de manière littérale, mais dire que les choses ont changé après Matan Torah, car maintenant c'est la pratique des mitsvot et l'étude qui maintient l'identité juive ? Ou le comprendre de manière non littérale ?

Voici en substance ce qu’enseigne le Midrach (Wayiqra rabba 32, 5) :
« Israël a été sauvé parce qu’ils n’ont pas changé de noms ni de langue, parce qu’ils n’ont pas dit de lachone ha-ra’, et parce qu’on n’a trouvé personne parmi eux qui se soit adonné à la débauche (‘erwa). »

Je ne sais si c’est ce Midrach qui inspire ceux qui, de nos jours, abandonnent leur prénom profane au profit de leur prénom juif.

Mon opinion personnelle est que :

1. Si tel est le cas, on devrait respecter avec la même ferveur les trois autres causes de notre libération.

2. Porter en toutes circonstances son prénom juif ne rend pas plus religieux que parler constamment en hébreu.

3. Dans la mesure où mes aïeux, en tout cas depuis deux siècles, avaient pris l’habitude, sans que cela nuise à leur religiosité, de donner des noms profanes (parfois associés à des prénoms juifs) à leurs enfants, je ne vois aucune raison de les désapprouver, au risque de les renier.

4. Ma seule réserve, en cette matière, ne concerne que le choix de prénoms inscrits dans des systèmes de pensées qui ne sont pas les nôtres, comme : Christian (et ses dérivés), Virginie ou René…