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Parnassa Min Hachamayim si on étudie constamment ?

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OAPerez
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Chalom Rav.

J'ai appris que les étudiants en Yéchiva qui se marient par la suite et qui vont étudier au Kollel à temps plein, sans travailler, sans faire des études profanes, sans que leurs parents ne les aident, se débrouillent Min Hachamayim, que leur Parnassa leur vient sans aucun problème, que D.ieu pourvoie à tous leurs besions sans qu'ils n'aient à se fatiguer (du moment qu'ils étudient à temps plein au Kollel).
Et si à l'époque de la Gmara, les gens ainsi que les 'Hakhamim (Tanaïm, Amoraïm) travaillaient, c'est parce qu'à leurs époques il fallait payer pour étudier la Torah, que les femmes ne travaillaient pas... alors qu'aujourd'hui les femmes travaillent et on est payé quand on étudie. Bref, à l'époque de la Gmara, les gens (= les hommes) n'avaient pas le choix que de travailler, alors qu'aujourd'hui, ils n'en ont plus besoin.

Honnêtement, je pense que ces deux affirmations se contredisent : si d'un côté on dit que les hommes de l'époque de la Gmara, y compris les 'Hazal qui étudiaient incontestablement la Torah Écrite et la Torah Orale de manière sérieuse et approfondie, n'avaient pas le choix que de travailler, pourquoi affirmer au nom des Maîtres de la Torah que celui qui s'adonne entièrement à la Torah, D.ieu lui assurera tous ses besoins, alors qu'il y avait même de très grands 'Hakhamim de différentes époques qui travaillaient ?


Et donc, ma question est : est-ce que ces affirmations sont vraies ?


Merci d'avance pour votre réponse.
Kol Touv.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
J'ai appris que les étudiants en Yéchiva qui se marient par la suite et qui vont étudier au Kollel à temps plein, sans travailler, sans faire des études profanes, sans que leurs parents ne les aident, se débrouillent Min Hachamayim, que leur Parnassa leur vienne sans aucun problème, que D.ieu pourvoie à tous leurs besions sans qu'ils n'aient à se fatiguer (du moment qu'ils étudient à temps plein au Kollel).
Et si à l'époque de la Gmara, les gens ainsi que les 'Hakhamim (Tanaïm, Amoraïm) travaillaient, c'est parce qu'à leurs époques il fallait payer pour étudier la Torah, que les femmes ne travaillaient pas... alors qu'aujourd'hui les femmes travaillent et on est payé quand on étudie. Bref, à l'époque de la Gmara, les gens (= les hommes) n'avaient pas le choix que de travailler, alors qu'aujourd'hui, ils n'en ont plus besoin.
Honnêtement, je pense que ces deux affirmations se contredisent : si d'un côté on dit que les hommes de l'époque de la Gmara n'avaient pas le choix que de travailler, pourquoi affirmer au nom des Maîtres de la Torah que celui qui s'adonne entièrement à la Torah, D.ieu lui assurera tous ses besoins ?
Et donc, ma question est : est-ce que ces affirmations sont vraies ?


Comme vous l’avez remarqué, les deux idées se contredisent, car si l’on suppose que celui qui s’adonne à l’étude à plein temps sera miraculeusement pourvu d’une Parnassa suffisante, cela devrait être applicable même si les femmes ne travaillaient pas et que l’étude est payante.

Cela devrait suffire à vous prouver que votre source vous raconte des niaiseries auxquelles il a bien voulu prêter crédit par sa grande naïveté -parfois arrosée de mauvaises Midot.

D’abord, l’étude n’était plus payante à l’époque des Amoraïm et ces derniers travaillaient eux aussi, ensuite les femmes ont toujours travaillé, seulement elles ne gagnaient pas beaucoup car leurs professions étaient de celles qu’une mère de famille pouvait assurer, comme vendre des poteries ou des broderies de chez elle.
Mais s’il ne s’agit que de donner un support à la Brakha Min hashamayim, que la femme gagne beaucoup ou peu, ça ne change rien.
De plus, si l’on veut distinguer ces époques en pointant la capacité des femmes du XXIème siècle à gagner une excellente Parnassa (alors qu’à l’époque des Sages elles ne gagnaient que peu), cela restera hors sujet nous concernant, car les couples où les femmes ont une excellente Parnassa et gagnent très bien leurs vies ne sont pas notre sujet, dans ce cas, rien n’indique une Brakha céleste et miraculeuse.

Bref, on vous a arnaqué.

Car tout ceci revient à dire qu’il n’y a pas de différence à considérer entre les époques, et si le Kollelman est miraculeusement nourri par le Ciel en récompense de son dévouement pour l’étude, il devait en être de même à l’époque des Sages.

Et si c’est vrai, cela veut dire que nos Sages ne le savaient pas -ou pire, qu’ils n’étaient pas assez dévoués dans leur étude et ne méritaient pas ce que l’Avrekh moyen de nos jours mérite.
Entre nous, même lui, ça le ferait rire (l’Avrekh moyen).

Dire qu’un Avrekh n’a pas besoin de se soucier de la Parnassa constitue de la Kfira, car les Sages nous enseignent l’inverse.

Et quelle insulte envers tous ces Tsadikim qui ont essayé d’étudier autant que faire se peut en réservant le moins de temps possible à la Parnassa !

Je ne dis pas qu’il n’est pas possible que D.ieu envoie une Parnassa extraordinaire à un juif qui se consacre réellement au Limoud de manière Lishma, je dis seulement que ce n’est pas systématique ni garanti et que ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs.

S’il fallait une preuve tragique de l’aspect mensonger de cette information, j’avancerais la mésaventure du Gaon Rav Hersh Pessa’h Frank, qui étudiait toute la journée (=de 7h à 1h du matin non-stop, hormis les Tfilot et WC. Et pour manger, il ne s’arrêtait pas d’étudier en mangeant son sandwich -informations que m’a confiées son petit-fils) et dont la Parnassa était pitoyable.
Il a dû croire qu’il bénéficierait d’un miracle en insistant de toutes ses forces, et cela a malheureusement entraîné la mort (de malnutrition) d’un de ses enfants !
Depuis il a compris qu’il était sur une fausse route, et c’est la mort dans l’âme (et c’est le cas de le dire) qu’il a accepté de travailler en tant que Dayan de Jérusalem.

Nous voyons bien que ces idées sont fausses.

Ce qui est vrai, c’est qu’un Avrekh peut beaucoup plus facilement qu’avant s’adonner à plein temps à l’étude, puisque le kollel lui donne une bourse (ce qui n’était pas le cas avant) et à plus forte raison si sa femme occupe un bon poste.
Mais l’Avrekh doit savoir qu’il n’y a pas de « miracles » comme certains le racontent.
S’il y a des miracles, ce sont les miracles de la vie de tous les jours comme l’écrit le Ramban en fin de Parshat Bo, c-à-d que, Min Hashamayim, de bonnes opportunités se présenteront à lui, ou que -s'il étudie Lishma et de toutes ses forces- Hashem mettra carrément en tête d’un autre juif de vouloir sponsoriser cet Avrekh, ce qui est un véritable miracle, mais n’est pas un Ness dans le sens de ce que les gens qui vous ont raconté tout ça le prétendent.

Je les connais, j’ai aussi eu droit à ce discours hypocrite il y a une trentaine d’années. Je me souviens d’Avrekhim qui m’expliquaient en détails à quel point c’était incroyablement miraculeux, qu’ils touchaient en tout et pour tout une somme x, et que l’addition de leur loyer, de leur cotisation mensuelle à la « koupat ‘Holim » (assurance santé) et des factures d’électricité/eau/gaz, donnaient déjà 2x, sans qu’ils n’aient encore acheté le moindre bout de pain !
Je leur demandais : « mais alors concrètement, comment ça marche ? »

Réponses invariables : « Ness Min Hashomayim ! », « c’est incroyable, mais je le vis chaque mois ! », « c’est incompréhensible ! ‘Hasdei Hashem ! »…

Je ne m’en suis pas contenté, j’ai mené mon enquête et ai découvert que tel Avrekh scandant le miracle « Ness Min Hashomayim ! » et incapable de trouver une explication à sa subsistance, avait des (beaux-)parents fortunés qui le soutenaient financièrement, tel autre avrekh avait une grand-mère riche qui possédait des immeubles et vendait de ses possessions à l’occasion du mariage de chacun de ses petits-enfants pour lui offrir un appartement (il avait donc au moins un appartement et n’avait pas de loyer à payer, peut-être encore d’autres facilités…).

Bref, ils mentaient tous (au moins par omission), car ils ne voulaient pas dévoiler leurs ressources et de plus, il leur semblait gratifiant d’être les bénéficiaires de l’aide divine directe.

En tout cas, concernant le sujet qui nous occupe, ils ont tous menti.
Ils savaient comment expliquer leurs fins de mois « miraculeuses », mais baratinaient autour d’eux en chantant la gloire du Seigneur qui exécute mensuellement et discrètement des virements Paypal directement sur les comptes bancaires des vaillants et crédules avrekhim.

Alma Deshikra…

c'est bien d'encourager au Limoud, mais pas par le mensonge. Il faut dire la vérité et se soucier de ne pas entrainer des dommages à autrui.

J'en ai connus qui ont eu la naïveté de croire sur parole ces baratineurs aux grands-mères riches, et se sont engagés dans une voie vouée à l'échec par manque de préparation matérielle et psychologique.
Nous pouvons parler de Lifnei Iver Lo Titen Mikhshol.

En réalité, ce sont de mauvaises Midot qui participent à cette fourberie, celui qui est honnête et bon, se soucie du bien être des autres (qui pourraient le croire et s’engager dans un chemin condamné d'avance) avant de se soucier de chanter les louanges du Créateur en Lui attribuant une intervention qui n’a jamais eu lieu.

Dans les faits, en fonction de la bourse du kollel, du prix de la vie là où l’on habite, des revenus de l’épouse, et de l’aide des parents ou beaux-parents, un Avrekh peut parfaitement tenir plusieurs années sans avoir à consacrer son temps à la Parnassa.

A l’opposé de ceux qui vous ont raconté ces balivernes, hélas, certains affirment qu’il est interdit d’être Avrekh, puisque les Sages mettent en garde contre une Torah qui ne serait pas accompagnée d’un travail.

Toutefois, l’obligation d’avoir un travail est en fait une obligation d’avoir un gagne-pain (et on trouve plusieurs Sages du Talmud qui ne travaillaient pas, justement parce qu’ils étaient de riches rentiers et n’en avaient pas besoin), donc de nos jours où le kollel alloue une bourse, il est autorisé d’être Avrekh.

Et à plus forte raison s’il y a d’autres ressources comme le travail de l’épouse etc.

Cependant, il demeure interdit de mentir en disant que l’Avrekh aura une Parnassa abondante et miraculeuse.
Il pourra avoir une Parnassa, mais elle empruntera des voies terrestres et habituelles et si sa femme ne travaille pas, que le kollel ne paie pas et que le loyer est élevé, il ne faut pas se leurrer, il va y avoir des problèmes au bout d’un moment.

Quand un élève de Ponovez apportait à Rav David Powarsky le carton d'invitation pour son mariage, ce dernier lui demandait ce qu'il allait faire après s'être marié, et si la réponse était "étudier au kollel", il lui demandait comment il s'était organisé pour la Parnassa.

La sagesse consiste à comprendre que l’on n’a pas besoin de vivre dans l’opulence et qu’en se contentant de peu, on pourra, durant quelques années du moins, étudier plein de Torah au Kollel.
Yoav Chetrit
Messages: 61
Bonjour rav

J'ai entendu un jour que d'après le Hazon Ich si en calculant tous les besoins (nourriture, loyer, facture...) de la famille, un Avreh avec sa femme peuvent arriver à payer plus de la moitié de ce qu'ils ont besoin .
Est-ce encore applicable aujourd'hui ?
Si oui un certain niveau de bitahon est il nécessaire ?
Merci.
rafael
Messages: 30
hazak
j aime bien vos reponses terre a terre
souvent ces personnes collent ce hazal dans leur discours:לא נתנה תורה אלא לאוכלי המן
je voulais savoir dans quel contexte ca a ete dit?

merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Bonjour rav
J'ai entendu un jour que d'après le Hazon Ich si en calculant tous les besoins (nourriture, loyer, facture...) de la famille, un Avreh avec sa femme peuvent arriver à payer plus de la moitié de ce qu'ils ont besoin .
Est-ce encore applicable aujourd'hui ?
Si oui un certain niveau de bitahon est il nécessaire ?
Merci.


A Yoav Chetrit :

Citation:
J'ai entendu … que d'après le Hazon Ich si en calculant tous les besoins (nourriture, loyer, facture...) de la famille, un Avreh avec sa femme peuvent arriver à payer plus de la moitié de ce qu'ils ont besoin .
Est-ce encore applicable aujourd'hui ?


Vous n’avez pas terminé votre phrase.
Vous avez entendu que s’ils peuvent payer plus de la moitié… alors quoi ?

que s’ils peuvent payer plus de la moitié…alors il leur faut gagner le double ?

que s’ils peuvent payer plus de la moitié…alors ils ne vont pas tarder à être dans le besoin ?

que s’ils peuvent payer plus de la moitié…il ne leur reste plus qu’à s’inquiéter pour moins de l’autre moitié ?

...

Je crains que vous ayez voulu dire que s’ils peuvent payer plus de la moitié… ils n’ont pas à se soucier du reste qui leur tombera du ciel chaque mois de manière imprévisible. Si c’est le cas, veuillez confirmer.


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Lun 01 Mars 2021, 10:31; édité 1 fois
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Rafael :

Citation:
hazak
j aime bien vos reponses terre a terre


Merci. Content de le savoir.
D’autres ne les aiment pas du tout...

Citation:
souvent ces personnes collent ce hazal dans leur discours:לא נתנה תורה אלא לאוכלי המן
je voulais savoir dans quel contexte ca a ete dit?


Voyez ce que j’ai écrit ici :
https://www.techouvot.com/la_torah_que_pour_ceux_qui_mangent_la_manne-vt8029264.html?highlight=
rafael
Messages: 30
merci rav

maintenant que je vois lorigine de la mehilta, on peut peut être aussi dire
(a part linterprétation que vous donnez ) que cette mehilta a été dite au nom de rabbi shimon bar yohai (לשיטתו) qui pense que un homme doit étudier toute la journée et sa parnassa viendra par les autres
(אמנם הרבה עשו כמותו ולא עלו בידם)


Merci beaucoup
Yoav Chetrit
Messages: 61
Bonjour rav
Veuillez m'excusez pour mon manque de précision ,puisque c'était le contexte du message d'avant je n'ai pas penser nécessaire de le préciser .
C'est exact je voulais dire que ce que j'ai entendu que s’ils peuvent payer plus de la moitié alors ils n’ont pas à se soucier du reste qui leur tombera du ciel chaque mois de manière imprévisible.
Cette information est elle exacte ?Est ce que cela dépend du niveau de biaton de la personne ?
Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Rafael :

Bien vu.
Ce n'est pas une "autre" interprétation, c'est complémentaire.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
A Yoav Chetrit :

C'est bien ce que je craignais.
Je n'ai pas entendu que le 'Hazon Ish ait dit pareille chose, je ne sais pas si c'est vrai ni exactement ce qu'il aurait pu dire s'en rapprochant (ou non), mais ça ne me semble pas à appliquer tel quel.

Sauf si les dépenses dudit Avrekh comportent des extravagances, auquel cas, rien de grave si son budget mensuel ne semble pas lui garantir la capacité de dépenser pour ces extras.

Mais si l'on parle du calcul des dépenses basiques, du type loyer, électricité, gaz, assurance, etc., je ne vois pas quelle serait la différence avec celui qui aurait la même attitude alors qu'il ne peut couvrir que 10 ou 20% de ces dépenses.
En quoi le fait de pouvoir assurer 51 ou 60% offre une garantie sans être Somekh Al Haness ?
reouvenb
Messages: 98
Bonjour Rav,

Merci pour vos réponses,

Il semblerait que ce que dit Yoav se retrouve dans le Kovets Iguerot Hazon Ish, Helek Alef, §29.

Dans le même Helek §161, il dit aussi que est benissei nissim (tout en précisant en § 164, ce que sont les הכרחים).

Respectueusement
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Il semblerait que ce que dit Yoav se retrouve dans le Kovets Iguerot Hazon Ish, Helek Alef, §29.

Dans le même Helek §161, il dit aussi que est benissei nissim (tout en précisant en § 164, ce que sont les הכרחים).


Bravo à Reouvenb, c’est assurément l’origine de ce qu’a entendu Yoav Chetrit.

Il n’en demeure pas moins que mon objection contre cette idée tienne toujours.

Mais je pense qu’il faut souligner un point; Yoav Chetrit parlait d’un couple qui, « s’ils peuvent payer plus de la moitié de toutes leurs dépenses, n’ont pas à se soucier du reste qui leur tombera du ciel chaque mois de manière imprévisible ».
Je ne pense pas que c’était ce à quoi pensait le ‘Hazon Ish (car ceci serait surréaliste).
La seconde moitié n’était pas supposée tomber du ciel.

Il ne s’agit pas de prévoir seulement la moitié de ce dont on a besoin pour survivre (הכרחיות), mais que LE KOLLEL ne garantisse que la moitié.
Quant à l’autre moitié, il faudra se la procurer autrement, par un petit commerce à la maison, la femme qui travaille, ou autre.
Mais pas « la laisser aux bons soins du bon D.ieu » sans faire sa propre hishtadlout pour obtenir « ce dont on a besoin pour survivre » (הכרחיות).

[Il faut aussi souligner que le ‘Hazon Ish considérait le niveau de ces הכרחיות comme relatif à chacun.
Son correspondant n’étant pas considéré comme capable d’affronter une vie rude et austère (comme le ‘Hazon Ish), il lui écrit que dans son cas, il faut aussi se soucier un peu de l’avenir proche.]


Ce que je veux dire, c’est qu’il n’était pas question de se jeter bêtement dans une situation inextricable en étant « Somekh Al Haness » et en disant « D.ieu pourvoira ».

Toutefois, Reouvenb indique une autre lettre (I, §161) où le ‘Hazon Ish écrit que sa propre Parnassa lui tombe du Ciel « Benissei Nissim »...

Son expression est en fait « Benissim Tediriim » (par des miracles permanents), mais ça ne change pas grand-chose nous concernant, l’idée étant bel et bien de faire confiance à D.ieu qui pourvoira la seconde moitié etc.

Voici ce que j'ai à dire pour répondre et expliquer ce phénomène incompréhensible:

C’est peut-être la méconnaissance de la mentalité russo-lituanienne et de leur façon de parler qui induit ici en erreur.

Pour ma part, j’ai étudié des années durant avec et auprès de rabbanim lituaniens et russes (mes rabbanim ayant été élèves du ‘Hazon Ish), et son expression ne me parait pas incompatible avec ce que mes maîtres m’ont transmis, à savoir que la Parnassa du ‘Hazon Ish (à cette époque où on lui écrivait, une fois déjà installé en Erets et considéré par tous) provenait de sponsors dans l’esprit de Issakhar et Zvouloun.

L’un des soutiens les plus connus du ‘Hazon Ish était le riche Yaakov Halpern (père du fameux Rephaël Halpern -ou Raphaël Halperin, champion du monde de catch (!), puis opticien, Avrekh et auteur de Sfarim), voilà les « Nissei Nissim » ou « Nissim Tediriim » du ‘Hazon Ish.

Et le fait que ses sponsors lui aient été « fidèles » jusqu’à la fin de ses jours, mérite bien l’appellation de « Nissim Tediriim », miracles permanents.

L’idée est que lorsqu’un riche décide subitement de subventionner un Talmid ‘Hakham, c’est un Ness !
C’est D.ieu qui lui met en tête de le faire, car en réalité, le riche n’en tirera que peu d’intérêt/gloire dans ce monde, ils aidaient le ‘Hazon Ish sans rien attendre en contrepartie, ni Kavod, ni aide, ni publicité, rien.
Tout ce qu’ils ont « gagné », c’est que parfois le ‘Hazon Ish leur disait de donner de grandes sommes à certaines personnes ou pour certaines causes !
(par exemple, c’est le ‘Hazon Ish qui a dit à Yaakov Halpern d’offrir au Ponovezer Rov le gigantesque terrain sur lequel la yeshiva de Ponovez a été construite à Bnei Brak -avec la colline etc.).

Voilà de quelle manière le ‘Hazon Ish était « Somekh Al Haness », et voilà la teneur du miracle qui se répétait chaque mois pour la Parnassa du ‘Hazon Ish.

Tout ceci pour dire que je ne crois pas qu’il convienne de se soucier seulement de 50% des nécessités absolues de la vie en se disant que le reste tombera du ciel.
Mais si le kollel assure déjà 50% des besoins, ça vaut le coup de s’y intéresser tout en se souciant d’un moyen de pourvoir à l’autre moitié.

Concrètement, les Kollelim qui paient le mieux de nos jours, permettent généralement d’assurer dans les 50% des besoins d’une petite famille.
Les Avrekhim se débrouillent donc pour obtenir l’autre moitié par ailleurs, soit en commerçant, en donnant des cours, en étant aidés par leurs familles, ou ce sont les épouses qui travaillent et complètent la parnassa (c’est le cas le plus fréquent de nos jours. Et de plus en plus, elles ne se contentent pas seulement de « compléter »).

Au passage, en parallèle de ce sujet, il convient de méditer sur le risque de surinterpréter des paroles (ou lettres) d'un grand Rav qu'on n'a pas connu, uniquement parce qu'on ne connait pas assez sa mentalité et sa façon de s'exprimer.
D'où l'importance capitale de toujours "valider" par le bon sens, et si possible, rechercher le Shimoush Talmidei 'hakhamim permettant de mieux les comprendre.

PS: je ne me relis pas, sorry pour les fautes.
nozzen
Messages: 21
Comment comprenez vous le biour halakha « sofo betela » SA 156,1
Apparement la parnassa est assurée obligatoirement pour la minorité qui peut s’assoir et étudier constamment.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6335
Citation:
Comment comprenez vous le biour halakha « sofo betela » SA 156,1
Apparement la parnassa est assurée obligatoirement pour la minorité qui peut s’assoir et étudier constamment.


a priori je dirais que ce Biour Halakha confirme plutôt ce que je disais !

Il écrit bien : « surtout si des gens souhaitent lui fournir ce dont il a besoin (להספיק לו צרכיו) », donc il ne s’agit pas d’avoir une source de parnassa pour LA MOITIE de ses besoins, mais pour TOUS ses besoins, contrairement à ce qui avait été compris des dires du ‘Hazon Ish.

Certes, le Biour Halakha ne dit cela qu’en l’introduisant par un « surtout » (ובפרט) qui laisserait entendre que cela serait applicable même sans avoir ces gens qui se proposent de le subventionner.

Néanmoins, vous remarquerez qu’il parle de cas isolés, אנשים יחידים , en précisant bien que ce n’est PAS applicable pour la grande majorité du monde (כלל העולם), il dit donc qu’il pourrait y avoir des gens particuliers qui ne seraient pas concernés par l’injonction du Shoul’han Aroukh (qui, rappelons-le, « impose » d’aller travailler après l’étude matinale, et donc « interdirait » de rester étudier toute la journée), c’est à leur sujet que le Biour Halakha écrit que ces « Ye’hidim » peuvent exister et que D.ieu se débrouillera pour leur envoyer une parnassa, « surtout si des gens souhaitent leur fournir ce dont ils ont besoin pour qu’ils puissent s’adonner pleinement à l’étude », dans ce cas c’est moutar (de ne pas aller travailler), et il ajoute : « preuve en est : Issakhar et Zvouloun ».

Oui, bien entendu, il y a des gens comme ça à chaque génération, B’’H.
Mais ça n’a rien à voir avec un Heiter généralisé dès qu’on trouve comment assurer 50% des besoins vitaux (comme on en parlait dans la question de Yoav Chetrit).
JB613
Messages: 2
Je voulais juste témoigner de cette réalité.
Moi aussi étudiait il ya peu en Israël, et je me demandais comment mes amis au collel faisaient pour vivre vu la paie symbolique que nous recevions .
Jai cru naïvement même si je suis critique en général, que le miracle allait venir.
En parlant à un avreh je lui demandais ,mais franchement comment fais tu?je lui disais que je travaillais ma croyance en d. Qu'il allait subvenir à ce quil me manque,mais que dans la réalité c'était pas ça !
Alors lui me répondit "bitahon, sans ça tu peux pas y arriver ! J'ai vu avec quelle assurance il a dit que je me suis dit "c'est pas normal d'avoir autant d'assurance dans une situation pareil.
Et de fil en aiguille il me dit que son père lui a donné 100000 € pour le début de son mariage..mais que aujourd'hui (quelques années après) il se débrouille avec son bitahon.
Je pense que son père s'appelle bitahon.
Ça m'a pris plusieurs années à comprendre ce bluff, mais en même temps lorsque j'étais entouré de gens qui ont un niveau exceptionnel en torah ,j'ai eu une certaine facilité à faire abstraction de la réalité financière, vu l'évolution et le plaisir qui etait le mien dans l'étude avec ses gens.
Peut-être cela ouvre le débat sur une autre question qui découle de cette prise de conscience, pour moi qui a été éduquer et a toujours aspirer à étudier toute le journée en croyant à cette "syata dishmaya",aujourd'hui de prendre conscience qu'il faut diminuer beaucoup son temps d'études pour pouvoir être responsable, cest un changement de cap très difficile à passer car j'ai l'impression que mes aspirations et projets en terme de limoud sont irréalistes et que je devrais me suffire du daf du jour.en gros comment être talmid h'aham lorceque on a que une demi demi-journée pour étudier ?
Merci
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